
Depuis plusieurs années, le football féminin connaît une progression spectaculaire, tant sur le plan médiatique que sportif. Pourtant, malgré les succès notables notamment ceux de l’équipe de France féminine et la montée en puissance de clubs comme Lyon ou le PSG, le fossé entre le football masculin et féminin reste important.
Consciente de cette réalité, la Fédération Française de Football (FFF) a décidé d’accélérer la transformation du paysage du football féminin en France. Mais comment la FFF compte-t-elle concrètement révolutionner le football féminin d’ici 2028 ? Quels sont les axes prioritaires, les investissements engagés et les défis à surmonter ?
Une vision ambitieuse pour le football féminin français
Le contexte mondial : un tournant historique
Le football féminin est aujourd’hui au centre des préoccupations des grandes instances sportives mondiales. La FIFA et l’UEFA ont multiplié les programmes de soutien, les compétitions et les investissements pour favoriser une croissance équilibrée.
Entre 2019 et 2024, la FIFA a investi plus d’un milliard de dollars dans le développement du football féminin à l’échelle mondiale. Les Coupes du Monde féminines ont battu des records d’audience, et le niveau de jeu s’est considérablement élevé. Dans ce contexte international, la FFF veut faire de la France une référence mondiale en matière de formation, d’encadrement et d’équité dans le football féminin.
Les ambitions de la FFF à l’horizon 2028
Sous la présidence de Philippe Diallo, la Fédération a fixé des objectifs clairs pour le football féminin d’ici 2028 :
- Doubler le nombre de licenciées (passer de 200 000 à plus de 400 000 pratiquantes).
- Renforcer la formation des jeunes filles dès le plus jeune âge.
- Structurer les clubs féminins pour assurer la professionnalisation des joueuses.
- Améliorer la visibilité médiatique et la couverture télévisée des championnats féminins.
- Garantir une égalité d’accès aux infrastructures et aux moyens logistiques.
Selon la FFF, ces ambitions reposent sur un plan stratégique nommé “FFF Vision 2028”, qui vise à construire un écosystème durable, compétitif et inclusif pour le football féminin.
Les quatre piliers du plan FFF 2028
1. Détection et formation des jeunes joueuses
Le premier levier du développement durable du football féminin FFF réside dans la formation.
Dès 2025, la Fédération prévoit la création de nouvelles sections sport-études et la mise en place de centres régionaux de performance dédiés exclusivement aux jeunes filles.
Ces structures permettront :
- D’identifier les talents précoces à travers tout le territoire ;
- De leur offrir un accompagnement technique, scolaire et médical complet ;
- D’assurer la continuité entre les catégories jeunes et le haut niveau.
Des partenariats entre clubs professionnels et établissements scolaires verront le jour, afin d’aider les joueuses à concilier études et carrière sportive.
L’objectif est d’éviter les abandons précoces et de garantir un vivier national solide pour les sélections futures.
2. Professionnalisation et structuration des clubs féminins
Le deuxième pilier du plan FFF 2028 concerne la professionnalisation des clubs.
Aujourd’hui, seuls quelques clubs disposent d’une structure 100 % professionnelle. La FFF veut changer la donne en :
- Accompagnant les clubs féminins dans leur transition vers le statut professionnel ;
- Offrant des aides financières et logistiques pour la création d’équipes féminines au sein des clubs masculins ;
- Instaurant un label d’excellence FFF pour valoriser les structures les plus performantes ;
- Renforçant la formation des entraîneurs et encadrants du secteur féminin.
Le but est de créer un championnat équilibré et attractif, capable de rivaliser avec les grands championnats européens comme la Women’s Super League anglaise ou la Liga F espagnole.
3. Médiatisation et valorisation du football féminin
Un autre enjeu majeur réside dans la visibilité.
Le football féminin a besoin d’une plus grande exposition médiatique pour attirer sponsors, supporters et jeunes talents.
La FFF collabore désormais avec plusieurs médias nationaux pour :
- Diffuser davantage de matches de D1 Arkema et de Division 2 Féminine ;
- Promouvoir les compétitions sur les plateformes numériques et réseaux sociaux ;
- Créer des contenus documentaires et éducatifs autour des parcours de joueuses inspirantes.
Cette stratégie de communication s’accompagne d’une politique de promotion du leadership féminin : valorisation des entraîneuses, dirigeantes et arbitres, afin de faire émerger de nouveaux modèles pour les jeunes filles.
4. Infrastructures et égalité d’accès au sport
Le dernier pilier du plan repose sur l’égalité d’accès aux infrastructures.
Encore trop de clubs féminins s’entraînent sur des terrains secondaires, avec peu de créneaux horaires disponibles.
D’ici 2028, la FFF souhaite :
- Rénover ou construire 500 terrains adaptés aux besoins du football féminin ;
- Garantir un accès équitable aux équipements pour les sections féminines et masculines ;
- Soutenir les collectivités locales dans leurs investissements sportifs.
Ces infrastructures ne serviront pas uniquement aux compétitions, mais aussi à l’accueil scolaire et social des jeunes pratiquantes, notamment dans les quartiers défavorisés.
Les investissements et partenariats clés
Un budget historique
Pour concrétiser cette vision, la FFF a alloué un budget global de 300 millions d’euros.
Ce financement provient de plusieurs sources :
- Les fonds propres de la FFF,
- Les aides de l’État et du ministère des Sports,
- Les contributions de l’UEFA et de la FIFA dans le cadre du programme “Women’s Football Development”.
Une partie de ce budget sera directement versée aux clubs amateurs et ligues régionales, pour développer des projets de terrain.
Des partenariats institutionnels et éducatifs
La FFF collabore avec de nombreux acteurs :
- Le ministère de l’Éducation nationale pour introduire le football féminin dans les programmes scolaires ;
- Les régions et départements pour cofinancer les infrastructures ;
- Des entreprises partenaires (Nike, Arkema, Orange) pour soutenir les clubs via le sponsoring.
Les défis à relever d’ici 2028
Malgré ces avancées, plusieurs obstacles persistent :
- Les inégalités de salaires et de contrats entre joueuses et joueurs professionnels.
- La faible médiatisation de certaines compétitions régionales.
- Le manque de reconnaissance sociale pour les entraîneuses et arbitres féminines.
- Le besoin de temps pour transformer les mentalités et attirer plus de licenciées.
La FFF en est consciente : la révolution du football féminin ne peut réussir qu’avec une mobilisation collective – institutions, clubs, médias et public.
La Fédération Française de Football s’est fixé un défi de taille : faire du football féminin un pilier central du sport français d’ici 2028.
Grâce à un plan structuré, des investissements conséquents et une volonté affirmée d’égalité, la FFF ouvre la voie à une transformation profonde et durable.
Cette révolution repose sur quatre leviers majeurs : former, professionnaliser, valoriser et égaliser.
Mais au-delà des chiffres, c’est une nouvelle culture sportive qui se construit : celle où les filles, comme les garçons, peuvent rêver de devenir footballeuses professionnelles, entraîneuses ou dirigeantes.
